Socle commun de connaissances et de compétences

Publié le par Frédéric Le Loc'h

undefinedJe participais ce matin, avec tous les professeurs d'un collège de l'Académie de Rouen, à une réunion de concertation sur l'expérimentation, dès ce semestre, de l'évaluation du socle de connaissances et de compétences. Expérimentation est un bien grand mot car si tel était le cas, et de façon à tenir compte des corrections à apporter à ce projet autant sur la forme que sur le fond, la mise en place de ce socle commun nécessiterait plusieurs mois de réflexion. Or il n'en est rien puisque les nouveaux programmes applicables à la rentrée 2008 sont en cours de publication. Il était "l'élément majeur" de la Loi sur l'avenir de l'Ecole du 23 avril 2005 et il devait entrer en application à la rentrée 2007. Le retard s'explique par le fait que le Ministère avait confié la conception d'un logiciel d'évaluation à une société privée qui ne l'a jamais produit. Le candidat Sarkozy en avait parlé durant sa campagne et fidèle à son habitude, il a confondu vitesse et précipitation. Le 14 mai 2007, soit quelques jours après son élection, le décret et l'arrêté étaient décidés. Je reviendrai plus bas sur les problèmes que posent l'évaluation du socle commun.
Ceux qui n'ont jamais entendu parler de ce projet doivent se poser quelques questions. Quoi ? Pourquoi ? Comment ? Essayons d'y répondre en quelques lignes. 
Tout d'abord, de quoi s'agit-il ? Le socle commun précise le contenu obligé de la scolarité jusqu'à 16 ans. Il comprend sept grands piliers de compétences qui doivent être validés du CE1 à la classe de troisième : maîtrise de la langue française, pratique d'une langue vivante étrangère, mathématiques, culture scientifique et technologique, maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication, culture humaniste, compétences sociales et civiques, autonomie et initiative.
Ensuite, pourquoi cette réforme ? Officiellement, la "République" veut préciser le contenu des programmes et des compétences à évaluer ; à croire que depuis des lustres les professeurs enseignent ce qu'ils veulent en classe et notent selon des critères qui leur sont propres ! En réalité, il s'agit d'harmoniser l'enseignement en France avec celui de nos voisins européens. Plusieurs enseignants ont manifesté ce matin leur crainte de voir disparaître d'ici cinq ans les examens de l'enseignement secondaire...
Comment évaluer ce socle commun ? Le livret qui nous a été distribué ce matin est l'objet de nombreuses critiques sur la faisabilité. L'idée de départ est intéressante puisqu'il s'agit d'évaluer des compétences transversales mais les professeurs de collège ne sont pas des professeurs d'écoles. Ils n'ont pas qu'une seule classe. En moyenne, ils évaluent 140 élèves mais les professeurs de sciences bien davantage... Ensuite, l'évaluation ne doit pas reposer sur la note, autrement dit, il est demandé aux professeurs d'évaluer leurs élèves sur le travail mené en classe durant toute l'année. Le risque est que le professeur n'enseigne plus et passe son temps à évaluer chaque élève. Enfin, les sous-ensembles thématiques sur lesquels devront s'appuyer les enseignants me semblent flous.
Le projet du socle commun constitue une véritable révolution dans notre système scolaire. Et parce qu'il s'agit d'une rupture, il faut prendre le temps de se doter des outils nécessaires pour la mettre en oeuvre. Il faut aussi prendre le temps d'informer à la fois les élèves concernés mais aussi les parents qui ignorent dans leur ensemble jusqu'à aujourd'hui ce qui attend leurs enfants à la rentrée. Mais voilà, Nicolas Sarkozy est le Président de l'immédiateté et le temps est une valeur dont il semble se méfier.

Publié dans coup de sang

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