Risque d'inflation

Publié le par Frédéric Le Loc'h

Alors que Nicolas Sarkozy a mené toute sa campagne sur le thème de la hausse du pouvoir d'achat des ménages, nous apprenons aujourd'hui que le risque d'inflation n'a jamais été aussi sérieux. Nous constatons tous depuis deux ans les hausses inquiétantes du prix du litre d'essence et nombreux sont les automobilistes qui regrettent la suppression de la TIPP flottante. Mais voilà qu'une nouvelle menace pèse sur les consommateurs. Depuis plusieurs mois, les prix des matières premières agricoles grimpent et les industriels de l'agro-alimentaire ne peuvent plus faire autrement que de répercuter ces prix sur leurs produits (75% pour la poudre de lait, 60% pour le blé, 50% pour le beurre...). Cette flambée des matières premières s'explique par une demande soutenue et une offre qui diminue en raison de la sécheresse en Australie et en Ukraine, de la raréfaction des stocks et de la réorganisation du mécanisme des fonds européens (source : Le Monde du 29 juin). Au moment où le gouvernement annonce son intention de ne pas donner de coup de pouce au SMIC, l'avenir paraît s'obscurcir pour la nouvelle majorité. Les promesses faites aux électeurs durant la campagne semblent mal engagées. Hausse de la facture énergétique dans les prochains mois, hausse des loyers au 1er juillet prochain, hausse des prix sur les produits alimentaires, hausse des carburants et pour compenser cela deux ou trois malheureuses heures supplémentaires. On est bien loin du "travailler plus pour gagner plus". Les électeurs qui ont cru à ce slogan de campagne risquent d'être fort déçus !

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D
Bonjour, <br /> sur le fond tu as entièrement raison, les risques inflationistes pesant sur notre économie mais plus généralement sur l'ensemble des économies des pays industrialisés est bien une réalité. Il s'agit d'autant plus d'une tendance de fond qu'il n'y a jamais eu autant d'argent en circulation dans le monde : il y a surabondance de la masse monétaire produite aussi bien par les Américains que les Européens. Rappelons à ce titre que l'augmentation annuelle de l'agrégat monétaire M3 (regroupant les pièces et billets en circulation, les dépôts à vue, les dépôts rémunérés à plus long terme ainsi que les OPCVM monétaires) doit être équivalente peu ou prou à l'addition du taux de croissance économique (afin de financer la croissance du PIB) et du taux de l'inflation de l'année révolue (afin de maintenir une inflation réduite mais pas inexistante afin de ne pas brider l'investissement). Mais, et c'est là que le bas blesse, alors que la croissance économique de la zone euro a été de l'ordre de 2% en 2006 et l'inflation également de 2%, l'augmentation de M3 déclaré par la BCE a été de plus de 7% au lieu des 4% attendus. Quand par ailleurs nous savons que depuis un an la banque centrale américaine ne publie même plus son chiffre de M3, sans doute parce que la hausse de celui-ci dépasse l'entendement, ce, afin de financer un déficit extérieur colossal, nous pouvons réellement nous inquiéter. <br /> Effectivement, cette surabondance de devises en circulation, si elle a pour objectif premier de garantir la dette des Etats industrialisés en la consolidant sur le marché monétaire (soit dit en passant, à l'adresse de tous les eurosceptiques, si demain l'euro disparaissait, et que notre dette n'était plus garantie que par les seules réserves de la banque de France, ce serait la banqueroute en quelques semaines), elle a également pour conséquence néfaste de nourrir les bulles spéculatives des marchés boursier et immobilier. A ce titre, ce n'est pas un hasard si la BCE relève régulièrement son principal taux directeur depuis un an et demi, étant dans ce laps de temps passé de 2% à 4%. <br /> De tout cela, trois remarques peuvent être dégagées : <br /> - le moratoire implicite sur la réduction de la dette justifié par le gouvernement pour relancer la croissance ne fera, du moins à court terme, que nourrir la spirale inflationiste. <br /> - cette politique de relance par la demande pourrait fonctionner au demeurant si elle était mieux pensée. Or, le paquet fiscal ne permettrait qu'une augmentation à la marge de l'investissement industriel, la détaxation des heures supplémentaires encouragera leur multiplication au lieu de créer de l'emploi, enfin, la déduction des intérêts d'emprunt ne fera que nourrir la bulle spéculative en facilitant l'accès au marché de l'immobilier et en provoquant ainsi une distorsion entre une demande en forte hausse et une offre continuant de stagner. <br /> - les rodomontades de notre président sur l'indépendance de la BCE, le renforcement des pouvoirs de l'eurogroupe et l'euro fort dissimulent on ne peut plus maladroitement les racines du mal industriel français : faiblesse du tissu des PMI-PME, faiblesse relative de la recherche-développement, faiblesse de l'investissement dans les secteurs de technologies de pointe comme l'informatique, l'électronique pour ne citer que ceux-là. Bien sûr, si la création des pôles de compétitivité en 2005 fut une bonne chose dans l'ensemble, il n'est qu'à regarder le nom des marques qui ont profité des franchises fiscales de ce système unissant centres de formation universitaire, centres de recherche et entreprises : pour les mobiles, elles sont soit suédoises ou finlandaises (Nokia ou Eriksson) ou encore coréennes (Samsung), pour l'informatique, elles sont soit américaines (Apple, Dell, H-P) soit japonaises (Sony, Toschiba) soit encore coréennes (Samsung) sans oublier les Allemands avec Siemens. C'est là justement que la comparaison entre la France et l'Allemagne est riche d'enseignements : alors que les Allemands investissent depuis des années dans la recherche-développement, les petites et moyennes entreprises et se sont spécialisés dans certains secteurs de haute technologie, nous autres Français, avons bien du retard. Grâce à leurs avantages, les Allemands qui vendent aussi cher que nous à cause de l'euro fort, vendent plus et mieux de par la souplesse et la diversité de leur offre. C'est pourquoi il faut arrêter de considérer qu'une monnaie forte obère forcément la balance commerciale d'un pays. Tout dépend des capacités d'innovation et de production du pays en question. Rappelons que les Allemands et les Japonais ont construit leur miracle économique sur une monnaie forte. Tant que les gouvernements français ne réformeront pas leur politique de l'offre, la croissance restera en berne et la monnaie dans tout cela n'y est pas pour grande chose car nous savons depuis que les Lydiens ont inventé la monnaie que celle-ci, si elle facilite les échanges, ne les créent pas. <br /> En tout état de cause, l'activisme n'a jamais remplacé le volontarisme et la tactique politicienne, la grande politique, celle qui manque à la France depuis bien longtemps.
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